Daphné Lalonde
Daphné Lalonde est née en 1975.
Elle est diplômée des Beaux-Arts de Paris (atelier Jean-Michel Alberola).
Dans le travail de Daphné Lalonde, « Les mots [sont] dans la peinture » pour reprendre le titre d’un ouvrage de Michel Butor. Ils créent un lieu de mémoire à découvrir à la marge du papier. Le travail de Daphné Lalonde s'articule autour du langage et de son inscription dans la peinture.
Elle vit et travaille à Paris.

Acrylique, crayons et feutre sur papier, 140 x 170 cm

Acrylique et marqueur sur papier, 140 x 150 cm

Encre de Chine et aquarelle sur papier, 140 x 170 cm

Acrylique, crayons et feutre sur papier, 140 x 170 cm
Daphné Lalonde peint, Daphné dessine, Lalonde lévite. Ne cachez pas votre surprise, car l'artiste ne rêve que de cela : vous surprendre et vous faire voir et lire quelque chose d'invisible, d'incompréhensible. Il y a beaucoup de choses à voir, de choses à lire, comme dans la machinerie des âmes. L'âme est un corps comme un autre, plein de ses atomes particuliers et de ses délicieux fantômes. Tel un « arum si beau »... Alors oui, vous trouverez dans le sac de la passagère du Sans-Souci plein d'objets singuliers, dérangeants d'anatomie, découpés au scalpel et réinventés d'après nature comme des tableaux vivants...
Et dans le sac à main il y avait mon rêve ce flacon de sels
Que seule a respirés la marraine de Dieu
(André Breton, Tournesol, Clair de terre)
Aimez-vous les sciences naturelles? Alors vous risquez d'être saisis par la vérité des détails, par cette précision de chirurgien réglant le dessin de Daphné Lalonde et contrastant avec le désordre amusé qu'elle fait régner tout autour. Ce sont des hommes, des femmes, des animaux sauvages ou domestiques, des locomotives ou des spoutniks, des intrigants, des vierges folles, des vierges sages, tous entremêlés en un joyeux mélange... angoissant parfois, jamais terrifiant. L'artiste s'y connaît en détours subreptices et en tours de prestidigitatrice.
« Tout fait ventre... »
Jamais dicton n'aura été si juste, si élégamment canaille. Il fallait être un peu fée pour cela, pour savoir tant de choses et pour se détourner ouvertement de tous les bons goûts, à commencer par celui des Beaux-Arts (sa grande école d'apprentie peintre, au dernier rang de la classe d'Alberola). La dernière place est celle des rêveurs et des rêveuses et l’auteur de ces lignes l’a beaucoup pratiquée. Alors, vous aussi, allez au fond – sans inquiétude – il y a toujours quelque chose à voir, encore quelque chose – d’un peu secret, d’un peu discret, d’aussi subtil que direct…
(Vous verrez.)
François Michaux