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SUBSTANCE

Fabien Verschaere

Du 13 février au 14 mars 2020 

 

 

C’est à une plongée dans la matière que Fabien Verschaere nous convie dans cette nouvelle exposition.

 

Depuis toujours, l’artiste se refuse à dicter une quelconque signification aux personnages et aux scénettes qu’il représente. Expression sans filtre de ses pensées, ce petit monde peuplé de créatures hybrides émanant de la bande dessinée, des contes de fées ou encore d’une croyance animiste, se déploie d’une manière encore plus exaltée qu’auparavant.

"Ce qui m’intéresse de plus en plus, c’est le foisonnement de personnages pour aller vers une sorte de présence figurative qui, de loin, pourrait passer pour une abstraction, avec des références multiples. Cela fait dix ans que je recherche les bons médiums pour peindre. En trouvant les couleurs traditionnelles coréennes, j’ai eu une révélation".[1]

Les dernières aquarelles de Fabien Verschaere adoptent des couleurs chatoyantes. Ses personnages semblent parfois s’évanouir dans la feuille blanche, pour ne laisser place plus qu’à la couleur. Celle-ci constitue désormais un protagoniste à part entière de ses compositions, distillant une ambiance, un point de lumière ou une dramaturgie qui nous immerge dans une abstraction magnétique.

Mais le titre de cette exposition se réfère également à un concept-clé développé par le philosophe Spinoza, dont la pensée infuse le travail de l’artiste de manière latente.

 

"L’idée de substance me fascine. Spinoza dit qu’elle précède le concept. Ce qui m’intéresse, c’est cette étape. Pendant longtemps, j’ai été dans le symbole, en représentant les choses. Maintenant, j’ai de plus en plus envie d’aller vers l’immatérialité. Je cherche actuellement comment l’atteindre. Je suis passionné par l’art brut. Dans lequel il y a justement cette idée de substance". [2]

"Dans mes aquarelles, aujourd’hui, je tente de toucher à cela, et c’est par l’eau que j’espère y arriver. C’est l’eau qui travaille dans la matière".

En diluant au maximum ses couleurs dans l’eau, l’artiste espère atteindre son but. Ses aquarelles sont de plus en plus fluides, saturées d’eau et en séchant le papier garde la trace liquide et trouble du pur mélange de couleurs. La structuration organique de son travail nous donne l’impression d’assister au spectacle  d’un fleuve qui coule devant nos yeux, comme le sang dans les veines d’un corps devenu totalement abstrait.

Pour l’artiste, il ne sert plus à rien de vouloir conceptualiser sa pratique artistique. Les choses sont là, autour de nous.

 

C’est cette beauté simple qu’il s’agit de saisir. Car les choses les plus simples sont aussi les plus belles.

 

Élodie Stroecken

Chargée d’expositions au Centre de Création Contemporaine Olivier Debré, Tours

[1] Extrait d’un entretien avec Elodie Stroecken à l’occasion de l’exposition « La Géographie du totem », au CCC OD, Tours, décembre 2019

[2] Ibid

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