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MURS D'ATELIER
Mélik Ouzani

Du 15 septembre au 22 octobre 2016
 

 

Depuis plusieurs années, Ouzani s’est livré à une activité de sculpture dont le titre générique, l’Objeu emprunté au poète Francis Ponge,  pouvait suggérer que cette activité n’était pas… sérieuse.

 

Les objeux d’Ouzani sont des volumes formés des déchets, détritus, résidus de l’activité environnante, voire… des fragments recyclés de son propre travail. Cartons goudronnés, morceaux de tuyaux, pièces filetées, toiles froissées, barres tordues, engendrent des effets de matière diversifiées : satin de la peinture, brillance de l’émail, velours de la rouille, matité brossée de la peinture éraflée… les couleurs ternes et vives découlent des fonctions passées d’appareils usés, détruits, aplatis et écartelés, ruines de la production industrielle abandonnées, comme le furent en d’autres temps sur les forums antiques, les socles, les chapiteaux, les colonnes, les extrémités d’architraves et les éclats de frises en ronde-bosse…

 

Lointains souvenirs de César et d’Arman, Les objeux d’Ouzani réunissent des cendres de la consommation industrielle, remplois qui ne sont pas sans rappeler également certaines pratiques « brutes » du Brésil ou d’Haïti.

 

 Ouzani poursuit aussi son travail de peinture.  Et l’on peut dire que son œuvre est au fait d’une véritable maturité. C’est l’agitation continuée de l’invention qui irrigue l’œuvre actuelle. La maturité est repérable dans le socle solide – culture, références, indépendance de goût – à partir duquel il s’engage dans des voies qui prolongent et approfondissent plus encore que l’innovation superficielle.

 

Douloureuse destinée de la peinture dont la force d’invention ne dépend que de son creusement, de son insistance, de son parti pris des choses, autrement dit d’une certaine forme de croyance en son épuisement. C’est donc là que se vérifie la maturité d’Ouzani : dans cette dialectique qui oppose et unit la conviction et la timidité, la patience et la colère, la revendication érudite du musée et la curiosité pour la sauvagerie urbaine contemporaine et le risque, le danger même, d’un geste pictural en quête de maladresse illisible, de gaucherie primitive…

 

Dominique Païni

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