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Nils Vandevenne

Dans sa série des Petits théâtres - peintures sur bois où les défonces laissent entrevoir du carton alvéolé -, Nils Vandevenne rend compte d’un processus de dé-composition où la signification se manifeste non dans l’esprit de l’artiste, mais dans sa fabrication. Sa matière première provient essentiellement de rebuts de bois et de carton, issue d’une production industrielle, où l’enjeu est de « faire avec »1. En ce sens, le procédé créatif évoque la figure du bricoleur chez Claude Lévi-Strauss2 qui rend visible l’expérimentation matérielle et technique. Avec son outil, Nils Vandevenne libère les entrailles du tableau de sa surface qui a été préalablement fardée dans une palette aussi délicate que la facture. Par un acte performatif et instinctif, l’artiste répond à sa propre injonction d’arracher, d’altérer, de dévorer les couches, tel le parasite de son

propre théâtre3, pour fouiller la consistance et l’histoire de l’objet qu’il dissèque. La matière brute dévoilée incarne la neutralité que le geste porte : elle contribue à dé-signifier le geste, à le dé-subjective, pour mieux révéler le sujet formel de l’objet. Autrement dit, les Petits théâtres de Nils Vandevenne doivent s’appréhender dans une narrativité du tableau-objet en accord avec l’étymologie du mot théâtre « lieu d’où on regarde », à l’instar des Teatrini de Lucio Fontana.

 

1 Peut être entendu comme l’économie de moyen, toutefois, dans le processus de Nils Vandevenne, le “faire avec” doit davantage s’appréhender dans le prolongement d’une démarche duchampienne et du ready-made : faire “avec” l’objet.

 

2 La Pensée sauvage, 1962.

 

3 Double références du parasite : 1. Organisme qui colonise ce qui lui est donné à manger. 2. Analogie au personnage du parasite dans le théâtre antique.

 

 

Extrait du texte de Anne Laure Peressin pour l’exposition SOUS/SUR/FACE en duo avec Bryce Delplanque , curaté par Anne Laure Peressin

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