TEMPS CROISÉS
Co-commissariat Marc Donnadieu et Valérie Delaunay
Avec Amélie Barnathan, Marc Ming Chan, Clément Fourment, Thibaut Huchard, Margaux Laurens-Neel, Lazare Lazarus, Sergio Morabito, Dayane Obadia, Florence Obrecht, Sabine Pigalle, Clément Poplineau, Marius Pons de Vincent, Jeanne Susplugas
Exposition du 22 mai au 21 juin 2025
DOSSIER DE PRESSE
L’iconographie de l’époque médiévale, ou du tout début de la Renaissance, semble traverser une grande partie des productions artistiques actuelles. Est-ce la pauvreté des réseaux sociaux qui invite à de nouveaux storytelling où la fable enluminée tient un rôle central ? Est-ce les troubles et les angoisses de notre temps présent qui rend un Jérôme Bosch, un Albrecht Dürer ou Jan van Eck de plus en plus contemporains ? Est-ce l’explosion des voix dissidentes qui leur font réaliser de nouveaux éloges de la déviance sinon de la folie ?... L’Apocalypse, thème incontournable de l’art du Moyen-Âge, et son panthéon de créatures
sublimes et monstrueuses, ne sont pas en reste. Et certaines de leurs œuvres apparaissent dès lors comme l’expression des tourments et des incertitudes d’un aujourd’hui plongé dans l’obscur, la perplexité ou le désarroi.
Pour autant, ces points de vue décalés sur le monde s’ouvrent dans le même temps sur des futurs alternatifs, lucides autant qu’enchantés, intenses autant qu’engagés, en particulier autour des notions de communautés en confrontation avec les pouvoirs établis, formes nouvelles d’un anarchisme inédit, joyeux et festif. À l’instar de véritable remix picturaux, ces deux approches se superposent, dialoguent ou fusionnent ainsi dans les œuvres présentées ici. Les relations sociales, l’amitié, l’amour et le désir imprègnent également le regard des artistes sur des figures plus mystiques ou romantiques, religieuses ou païennes, mais pas pour autant surannées. Bien au contraire, les références aux temps anciens y ont valeur d’alerte sinon de parabole. Elles nous invitent également à repenser nos rapports à la nature dont la sauvagerie apparente est plutôt le signe d’une résilience avec le biotope naturel, voire d’un Eden retrouvé.
Marc Donnadieu
Texte écrit pour l'exposition Temps croisés
Marc Donnadieu est critique d'art et commissaire d'exposition indépendant